L’habitant de l’escalier de Nathalie Papin

Dès ma première lecture, j’ai ressenti une grande proximité avec ce texte, et eu envie de faire route avec lui. La part d’ombre et de lumière des protagonistes nous éclaire sur notre inexorable ascension, et le courage qu’il nous faut convoquer pour franchir les inéluctables obstacles de la vie. Il entre en résonance avec des œuvres comme « le mythe de Sisyphe » d’Albert Camus avec cette question qu’il pose, « Y’ a-t-il une logique jusqu’à la mort ? » ou « Greek » de Steven Berkoff, où le personnage du Sphinx face à Œdipe ouvre la porte aux questionnements, de l’origine à la mort.

Quelle est notre histoire ? Qu’est-ce qui nous construit ? A chaque marche, une mue, une transformation, un affranchissement, une révolte face au monde, aux autres ou bien face à soi, pour être le premier de cordée de notre existence, trouver notre chemin, identifier et affronter les dangers, surmonter les épreuves, écouter les conseils ou bien n’en faire qu’à notre tête…7 marches à gravir avant de pouvoir arriver en haut et gagner. Mais gagner quoi ? Et surtout pourquoi ?

C’est l’histoire d’une transmission. L’habitant accompagne, encourage, exhorte, parfois accable ou dissuade Zénoï par la parole. Un lien se tisse entre les personnages, et on observe cette relation simultanément réciproque et dissemblable. Nous devenons les témoins de cette possible passation.

Comment faire dialoguer les générations ? Et comment habiter le monde ?

Ce sont ces questions qui m’ont décidée à associer un groupe de jeunes amateurs au plateau et dans la mise en scène. A l’aune de ce texte, je souhaite créer avec eux un espace pour explorer leurs propres paroles.

Depuis longtemps en travail avec le théâtre pour la jeunesse, je trouve dans cette œuvre une formidable opportunité pour réunir la danse, le théâtre et la musique : une histoire à partager avec des adolescents, en écho avec leurs propres expériences face à l’universalité de nos chemins de vie respectifs.

Je souhaite utiliser, avec eux, différents matériaux : enregistrements audios, captations vidéos, gestes chorégraphiques, prises de libres paroles…

L’enjeu est donc de créer, à travers ce spectacle, un îlot de dialogue et de compréhension où nous pourrons tous appréhender, singulièrement, ce long voyage initiatique.

Marie Teissier, metteure en scène